Le Parlement européen a adopté une directive pour rendre obligatoire la mention sur les étiquettes des pots de miel, du ou des pays où il a été récolté, afin de lutter contre les importations massives dans l’Union européenne de « miels frelatés » par l’ajout de sucres.
Le texte, adopté à une écrasante majorité par les eurodéputés réunis à Strasbourg (522 voix pour, 13 contre, 65 abstentions), fixe de nouvelles règles pour la dénomination et l’étiquetage de « denrées du petit-déjeuner » (miel, jus de fruits, confitures…) en vue de mieux informer les consommateurs. Il devra désormais être négocié avec les États membres.
« 46 % des miels suspectés de déroger à la règle »
Le cas du miel est particulièrement critique : une enquête de la Commission européenne publiée en mars montrait que sur 320 échantillons de miels importés récemment contrôlés, environ 46 % étaient fortement suspectés de déroger aux règles de l’Union européenne, notamment via l’ajout de sirops de sucre destinés à faire chuter le coût de revient.
Quelque 74 % des miels originaires de Chine étaient jugés suspects, comme la quasi-totalité des miels importés de Turquie et la totalité des miels venus du Royaume-Uni, où ils étaient assemblés à partir de diverses origines.
Pour y remédier, la législation votée par les eurodéputés rend obligatoire sur les étiquettes la mention détaillée du ou des pays d’origine, indiqués par ordre décroissant selon la proportion dans le produit final.
Pour limiter la fraude, le texte prévoit un système de traçabilité de la chaîne d’approvisionnement du miel, et les parlementaires réclament la création d’un « laboratoire de référence » afin d’améliorer les contrôles grâce à des « tests systématiques ».
Les eurodéputés se réjouissent
« Cela mettra fin aux pratiques frauduleuses […], les étiquettes devront indiquer clairement dans le cas de miels mélangés les proportions respectives des pays d’origine », de sorte à « protéger les consommateurs et les apiculteurs » subissant une concurrence déloyale, a réagi l’élu autrichien Alexander Bernhuber (PPE, droite), rapporteur du texte.
« Ce vote marque une étape importante dans la convergence des normes au sein de l’Union européenne : l’an dernier, la France a mis en place une obligation d’étiquetage d’origine pour les miels mélangés, mais qui ne s’appliquait pas quand ce mélange était réalisé ailleurs en Europe, abonde l’eurodéputé socialiste Christophe Clergeau. Avec ce vote, on harmonise et on va plus loin que la loi française en imposant la mention du pourcentage », ajoute-t-il.
Mobilisation des apiculteurs
Pour les jus de fruits, confitures ou purées de marrons, les pays d’origine des fruits devront également être détaillés. Par ailleurs, les eurodéputés entendent clarifier les informations sur la teneur en sucre des jus de fruits, avec des mentions « contient uniquement des sucres d’origine naturelle » ou « à teneur réduite en sucres ».
Site LaFranceAgricole – Actualités – 12/12/2023
