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« Hydrogène blanc, tous les feux sont au vert »

« Hydrogène blanc, tous les feux sont au vert »

Philippe De Donato, physico-chimiste et Jacques Pironon, géologue, directeurs de recherche au laboratoire GeoRessources de Nancy, sont à l’origine de la découverte d’un gisement d’hydrogène dit « natif » en Lorraine. Un gaz à l’aube de révolutionner nos ressources énergétiques, dont l’extraction génère une empreinte carbone très faible, et dont les implications potentielles dans le monde agricole sont vastes, des motorisations aux engrais décarbonés.

décarbonés.

Pourquoi parle-t-on d’hydrogène blanc ?

Le dihydrogène, H2, peut être considéré comme un vecteur énergétique, c’est-à-dire une source d’énergie secondaire. Il est alors produit par une réaction chimique qui utilise une source d’énergie primaire. En fonction de cette réaction, on a accolé à l’hydrogène une couleur : vert pour une production par l’électrolyse avec une source d’énergie renouvelable, noir si c’est le charbon, etc. Au niveau mondial, c’est essentiellement de l’hydrogène gris qui est utilisé, en utilisant du gaz naturel. Le bilan énergétique pour obtenir de l’H2 est donc très peu favorable. L’hydrogène est dit blanc, s’il est naturel. C’est alors une source d’énergie primaire. En Moselle, nous avons découvert ce type d’hydrogène, sous forme de gaz dissous dans l’eau, donc directement exploitable.

Comment avez-vous fait cette découverte ?

Nous avons démarré en 2018 un programme sur cinq ans baptisé REGALOR, pour « REcherches GAzières de LORraine », dont l’objectif était de mettre en évidence la présence de méthane dans les couches du bassin minier situé en Moselle-Est. Pour cela, nous avons développé en collaboration avec la société Solexperts une sonde baptisée SysMoG™ qui a fait l’objet d’un dépôt de brevet européen en avril 2023. Cette sonde a été miniaturisée pour pouvoir être introduite dans des puits de diamètre de 6 cm. Nous avons ainsi pu descendre jusqu’à 1 300 m de profondeur. Avec cet outil unique au monde, nous avons étudié l’évolution de la composition en gaz du sous-sol en fonction de la profondeur. Nous avons découvert la présence de H2, avec une concentration qui allait en augmentant plus cette profondeur était importante. Nous avons d’ailleurs été sollicités par plusieurs pays, notamment les USA qui démarrent un vaste programme de recherche d’hydrogène blanc, pour utiliser cette sonde. Dans les Pyrénées, Il est beaucoup question d’un gisement de même nature, mais pour l’heure rien n’est avéré. En Moselle, ce sont les carbonates de fer dans les couches profondes en réagissant avec l’eau qui seraient à l’origine de la formation d’hydrogène. Cette réaction est d’autant plus importante que la température et la pression augmentent. D’où une concentration proportionnelle à la profondeur.

Quelle pourrait être l’importance du gisement lorrain ?

Nous ne vendons pas du rêve. Nous sommes des scientifiques, sous la double tutelle de l’Université de Lorraine et du CNRS. Nous ne communiquons que sur des faits établis, vérifiés. Pour vous donner un ordre de grandeur, les besoins actuels en hydrogène, au niveau mondial, sont de l’ordre de 80 Mt/an. Nos premières estimations faites sur la base des mesures à — 1 250 m nous permettent de définir une ressource potentielle comprise entre 50 et 250 Mt, déjà considérable.

Y aura-t-il des impacts environnementaux lors de l’extraction de ce gaz ?

Suite à l’exploitation du fer et du charbon, les sols lorrains comportent beaucoup de galeries de mines. Pour l’exploitation du H2, l’introduction d’une sonde de 6 cm de diamètre n’est pas traumatisante. Les premières levées de boucliers d’associations écologistes avaient eu lieu lorsqu’il était question du méthane. Pour extraire l’hydrogène, il n’y a pas besoin d’injection d’eau, donc pas de fracture hydraulique. Il n’y a aucune remontée de matières solides ou liquides. Les sols ne bougeront pas. Suite aux récentes annonces du Président de la République, nous attendons avec impatience que le dossier avance. Nous avons rendez-vous au ministère de la Transition Écologique, et espérons que le programme REGALOR II, pour passer à la phase d’exploration et surtout d’exploitation (1), démarre d’ici trois à quatre mois.

L’exploitation serait réalisée par FDE, Française de l’Énergie, une société basée en Moselle, spécialisée dans les énergies à empreinte carbone réduite. En Lorraine, elle a conçu et réalisé le plus grand parc solaire thermique de France adossé à un réseau de chaleur, à Creutzwald.

Site LaFranceAgricole – Actualités 19/02/2023

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