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Un tiers des exploitations à reprendre sont sans projet d’avenir

Un tiers des exploitations à reprendre sont sans projet d’avenir

Face au défi du renouvellement des générations, lors d’une conférence organisée par l’Inrae au Salon de l’agriculture, le salariat et l’installation de chefs d’exploitation non issus du milieu agricole se sont posés comme des solutions pour changer de modèle.

Aujourd’hui, le taux de remplacement pour une exploitation est de 70 %. Partant de ce constat, comment favoriser le renouvellement des générations et quels modèles façonneront le futur agricole ? L’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) a apporté ses éléments de réponse le mardi 27 février 2024 au Salon de l’agriculture, lors d’une conférence intitulée « Départ en retraite : redistribution des cartes : quelles agricultures demain ? ».

Pour les intervenants, un constat : « Il y a une recomposition en profondeur des entreprises familiales et conjugales. L’exploitation conjugale n’est le fait que de 18 % des exploitations », observe François Purseigle sociologue et coauteur de Une agriculture sans agriculteurs.

Au recensement agricole de 2023, plus d’un tiers des exploitants de plus de soixante ans ne savait pas quel serait l’avenir de leur ferme et n’avait aucun projet de reprise en vue. Un autre tiers n’envisageait pas de départ de la personne de plus de soixante ans dans l’immédiat. Et à peine un quart avait un projet de reprise de l’exploitation par un membre de la famille (18 %) ou un tiers (6 %).

Les Nima pour reprendre les fermes

Le renouvellement des générations, mis en difficulté par le faible taux de reprise des exploitations par des fils et filles d’agriculteurs, pourrait se concrétiser grâce à l’arrivée de personnes non-issues du monde agricole. « Il y a de plus en plus de porteurs de projets qui sont des personnes non issues du monde agricole, analyse Antoine Messéan, agronome à l’Inrae. Ces installations sont plutôt des projets de vie que des projets professionnels. »

Mais ces personnes font face à des difficultés particulières : l’accès au foncier, la plus faible intégration dans les réseaux professionnels, une formation technique faible ou inexistante, peu de capital financier, ou encore un problème d’habitat plus aigu, énumère l’agronome.

Mais ces personnes non-issues du monde agricole pourraient être une opportunité pour accélérer la transition agroécologique, plaide Antoine Messéan. Et d’ajouter qu’il observe « une volonté plus ample d’intégrer la transition ».

Une proposition partagée par Bruno Ferreira, directeur régional Auvergne-Rhône-Alpes de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt. Sur les points accueil installation (PAI) départementaux de sa région, « 80 % des personnes sont non-issues du monde agricole, dont 53 % sans aucun diplôme agricole ». Et seulement « 7 % des élèves en formation sont issus de familles d’agriculteurs ».

« La grosse peur, c’est le coût de l’investissement. Les jeunes disent « quand je m’installe, j’ai un boulet au pied pour le restant de ma vie » ». Face à ces craintes, il faut pouvoir développer des dispositifs d’essai en tant qu’agriculteurs, défend Bruno Ferreira.

Des salariés pour réduire les astreintes

Lucie Gautier qui rejoindra bientôt l’exploitation porcine familiale en Bretagne, témoigne des difficultés de l’installation. Pour demander l’autorisation d’exploiter des terres, elle a appelé « cinq personnes différentes » et a reçu « cinq réponses différentes. La simplification on y est ! » ironise la jeune éleveuse. Pour celle qui représente la « quatrième génération » sur la ferme, pas question de réduire la part des salariés, au nombre de 7.

« Je ne me voyais pas travailler jour et nuit et tous les week-ends », ajoute-t-elle. Former de plus grandes exploitations avec des salariés permet de concilier rentabilité et confort de vie, poursuit Lucie Gautier. « Le salut de l’exploitation familiale passe par le recours à des salariés hors cadre familial », confirme François Purseigle.

Quant à la transition agroenvironnementale, Lucie Gautier envisage de créer des courettes extérieures dans un nouveau bâtiment de truies pour rehausser le niveau de bien-être animal. Elle revendique une production conventionnelle, un choix qu’elle estime difficile.

« J’en ai un peu marre de devoir me justifier lorsque je ne suis pas dans un milieu qui connaît l’agriculture. Parfois je dis que je suis comptable, juste pour ne pas avoir à débattre, et pourtant j’adore mon métier et je suis fière ! »

Face à ce qu’elle estime être de la méconnaissance, Lucie espère qu’à l’avenir, « les gens de l’extérieur puissent venir sur la ferme pour savoir d’où vient le jambon du pique-nique du dimanche ».

Site LaFranceAgricole – Actualités – 29/02/2024

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