Dans un rapport sur les effets des installations électriques à proximité des élevages, le CGAAER propose plusieurs voies de recherche pour remédier au manque de connaissances des impacts des antennes relais, installations électriques et éoliennes sur les animaux. Il recommande aussi que la recherche explore « les pratiques développées sur le terrain par certains géobiologues pour en identifier les éventuels fondements scientifiques ».
Caractériser l’impact des champs électromagnétiques sur les activités d’élevage constitue un enjeu important, alors que la consommation croissante d’électricité pourrait potentiellement augmenter les perturbations liées, ou encore que le développement de la 5G s’accompagne de nombreuses questions.
Le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) a tenté de caractériser l’impact sur les activités d’élevages des antennes téléphoniques et installations électriques (1), dans un rapport partagé le 25 avril 2024. « Il paraît difficile de réfuter tout impact dans certains cas, affirme la mission du CGAAER. Il reste cependant beaucoup à faire pour bien le caractériser. »
À l’issue de cette première analyse, le rapport recommande de « ne pas rejeter systématiquement certaines approches du vivant comme la géobiologie et invite à un meilleur partage des connaissances entre organismes de recherche et ministères ». Pourquoi ? Pour mieux appréhender les éventuelles perturbations dans les élevages exposés aux champs électromagnétiques.
Développer le partage des connaissances
Les premières perturbations dans certains élevages situés à proximité d’installations électriques sont signalées depuis les années 1990. Cependant, les rapporteurs constatent toujours un manque de connaissances scientifiques à ce jour sur le sujet. « Même si la sensibilité des différentes espèces concernées aux champs électromagnétiques est reconnue, les connaissances sur la santé des animaux d’élevage sont en revanche bien moins maîtrisées », détaille le rapport.
Pour le CGAAER, la recherche doit s’ouvrir davantage sur le sujet, notamment par des groupes de travail interorganismes, tels que l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), l’Inrae, le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) ou encore le CEA (Commissariat à l’énergie atomique). Ministères et organismes travaillent trop indépendamment sur ce sujet, signale le rapport.
Le document du CGAAER suggère de mettre en œuvre plus de moyens et de compétences dans des projets de recherches interdisciplinaires pour améliorer les connaissances sur les caractéristiques des ondes et leurs impacts.
Explorer les « éventuels fondements scientifiques » de la géobiologie
Lors de l’enquête (2), les membres du CGAAER ont observé qu’un grand nombre d’éleveurs s’est tourné vers des géobiologues. De fait, sur 235 élevages de vaches laitières ayant indiqué des troubles du comportement, 90 % des éleveurs qui ont vu les troubles de leurs animaux régresser ont mentionné l’intervention d’un géobiologue. Pour 68 % des cas de régression des troubles observés, « le géologue est déclaré comme le seul intervenant ayant permis la régression », précise le rapport.
Pour autant, la mission du CGAAER souligne que « la géobiologie reste une pratique très contestée dans le milieu scientifique et sa mise en œuvre ne dispose pas d’un encadrement clairement reconnu ».
Les rapporteurs proposent ainsi « d’explorer les pratiques développées sur le terrain et les éventuels fondements scientifiques » tout en encourageant la profession à se structurer et à mettre en place un parcours de qualification reconnu par l’État.
Établir des références et améliorer les connaissances
Parmi les propositions établies dans le cadre du rapport, le CGAAER recommande également de :
– -Soutenir les études visant à établir des références, afin d’actualiser les seuils de perception et les effets des courants parasites sur les animaux d’élevage, et de disposer d’une base de données comparative ;
– Approfondir l’analyse des données récoltées lors de l’enquête réalisée par le CGAAER, qui « représentent une mine d’informations » ;
-Réaliser une étude épidémiologique « exposés-non exposés » de l’effet de l’exposition aux ondes sur la santé des troupeaux de bovins en exploitant les données de la base nationale d’identification ;
– Améliorer les connaissances concernant la conductivité des sols et les propriétés de l’eau exposée aux champs électromagnétiques, en prenant en compte les effets cumulatifs de différentes sources électromagnétiques.
Clarifier l’accompagnement des éleveurs subissant des impacts
Lors de l’enquête, la filière pour laquelle le plus de perturbations ont été déclarées est la filière de la vache laitière. Le rapport indique que les troubles du comportement sont ceux le plus souvent observés : évitement de certains endroits, agitation ou peur.
Autre point relevé par l’étude, lorsque les éleveurs estiment endurer les conséquences d’un équipement de type antenne relais ou électrique ou éolienne, il leur est demandé « de démontrer scientifiquement l’origine des perturbations que leurs animaux subissent alors qu’ils n’en ont pas forcément les moyens, y compris financiers, d’autant que la science elle-même s’interroge toujours ».
Il est ainsi nécessaire de « clarifier qui fait quoi dans le conseil aux éleveurs », afin de les accompagner au mieux. « L’enjeu du bien-être, tant des élevages que des éleveurs est plus que jamais d’actualité », rappelle la mission du CGAAER dans son rapport.
(1) Ligne à haute tension ou à très haute tension, transformateur électrique, parc photovoltaïque ou d’éoliennes.
(2) Plus de 1 000 éleveurs situés dans un périmètre de 2 km autour d’un ou plusieurs équipements mentionnés ont répondu à l’enquête lancée par le CGAAER entre le 26 juin et le 31 août 2023.
Site LaFranceAgricole – Actualités 02/05/2024
