Moisson, pressage et ramassage de la paille sont des chantiers à haut risque, en particulier sur la route. Voici un rappel de certaines règles pas toujours bien maîtrisées, qui peuvent provoquer des accidents et coûter cher lors d’un contrôle.
Chaque année, un pic d’accidents liés aux engins agricoles survient pendant l’été. Recrudescence de la circulation dans les zones touristiques, conduite d’engins par des chauffeurs novices et besoin de se dépêcher pour suivre le rythme des bennes et des plateaux à paille forment un cocktail détonnant qui peut se terminer de façon tragique. Une formation dispensée par les CRS chargés de l’opération « 10 de conduite agricole » (voir l’encadré) nous donne l’occasion de faire le point sur certaines règles indispensables pour circuler en sécurité et dans le respect du code de la route.
Vitesses et comportement
C’est le point le mieux maîtrisé par les agriculteurs mais il est toujours utile de le rappeler : la vitesse maximale du convoi est celle de son élément le plus lent.
Si la remorque porte le macaron 25 km/h, il est interdit de dépasser cette vitesse. De même, la vitesse des tracteurs sur la route en France est limitée à 40 km/h, même si le véhicule est homologué pour 50 km/h. Il est uniquement autorisé de circuler à 50 km/h lorsque le tracteur est à vide, sans attelage, ce qui est rarement le cas lors de la moisson.
Mais adapter son allure ne suffit pas. « En effet, 19 % des accidents mortels avec un véhicule agricole surviennent lorsqu’il tourne à gauche, précise un CRS. La pratique courante est de se déporter au centre de la route avant de tourner, pour bien signifier l’intention aux usagers qui nous suivent. C’est louable mais c’est dangereux car on gêne ceux qui arrivent en face, ce qui est verbalisable. La bonne démarche c’est regarder dans le rétroviseur, mettre son clignotant puis tourner ».
Si la présence des gyrophares est bien respectée, l’obligation de rouler avec les feux de croisement (codes) dès que la largeur dépasse 2,55 m n’est pas connue des agriculteurs. Les feux de « signature lumineuse », qui apparaissent sur certains tracteurs récents, ne remplacent pas les codes.
Respecter les charges
La grande majorité des agriculteurs roule avec des ensembles en surpoids, qui dépassent les limites autorisées de plusieurs tonnes. Les CRS rappellent que la surcharge est une infraction qui peut engendrer une amende de 3 000 euros.
Pour être en règle, il faut récupérer différentes informations sur la carte grise ou la plaque d’homologation du tracteur et de la remorque. Le PV, ou poids à vide, indique le poids de l’engin sans charge. Le PTAC est le Poids Total Autorisé en Charge, c’est à dire le poids total de l’engin avec son chargement.
Pour connaitre la quantité de matière qu’il est possible de charger dans la remorque, il faut calculer la charge utile, en soustrayant le PTAC du PV. Vous pourrez ainsi vous rendre compte que cette charge utile est souvent beaucoup plus faible que ce que le volume de la caisse laisse croire.
Mais les contraintes ne s’arrêtent pas là. En effet, la carte grise de l’automoteur indique aussi le PTRA (poids total roulant autorisé). Il s’agit de la limite de poids que ne doit pas dépasser le tracteur avec son attelage et leurs chargements respectifs. Contrairement au PTAC qui est défini par le constructeur, le PTRA est fixé par la Dreal.
En plus de respecter les PTAC de chaque engin de l’attelage, votre convoi doit donc respecter le PTRA du tracteur. Ainsi, lorsque vous rencontrez un panneau d’interdiction aux véhicules de plus de 20 tonnes, cela signifie que vous ne pouvez vous engager sur la route que si le PTAC et le PTRA sont inférieurs à ce poids, ce qui est rarement le cas pour le PTRA en agricole.
Attention aux utilitaires
Le panneau représentant un camion dans un cercle rouge est souvent interprété comme une interdiction à la circulation de poids lourds. « Ce n’est pas le cas, c’est un panneau d’interdiction aux véhicules affectés au transport de marchandises, précisent les CRS. Les véhicules agricoles, même les remorques chargées de céréales, ne sont pas concernés. En revanche, les véhicules utilitaires de type Kangoo ou C15, s’ils portent cette mention sur leur carte grise, sont visés par l’interdiction ».
Comme la plupart des véhicules d’exploitation sont dans cette configuration commerciale, ils sont en infraction dès qu’ils empruntent une voie frappée de ce panneau, ce qui peut poser des problèmes lorsqu’ils sont utilisés en véhicule d’accompagnement lors de la moisson.
Les mineurs au volant
Les mineurs sont soumis à un ensemble de règles très contraignantes, que ce soit au niveau du code du travail ou du code de la route.
Le premier conseil des CRS est que le chauffeur mineur soit toujours en possession d’un papier d’identité pouvant justifier de son âge. Les forces de l’ordre doivent en effet être en mesure de s’assurer que le chauffeur est âgé d’au moins 16 ans. S’il ne peut justifier de son âge, le véhicule sera immobilisé en attendant l’arrivée de l’un de ses parents, muni d’un document d’identité.
Même en période de moisson et de pointe de travaux, il est interdit de faire travailler un mineur de nuit, c’est à dire après 22 heures.
« Entre 16 et 18 ans, un jeune n’a pas le droit de conduire un convoi de plus de 2,55 m de large et doit obligatoirement prendre place dans un tracteur avec un arceau de sécurité ou une cabine », précise le formateur de la Police Nationale.
Enfin, l’utilisation d’un engin de levage est interdite avant 18 ans. Les agriculteurs en herbe devront donc patienter un peu pour empiler les balles de paille avec un chargeur télescopique.
Site LaFranceAgricole – Actualité 23/06/2022