Les dénominations données aux produits d’origine animale leur sont désormais strictement réservées, selon un décret publié le 29 juin 2022. Ces dispositions entreront en vigueur le 1er octobre prochain. Si le texte est salué par les professionnels des filières animales, ces derniers demandent toutefois un élargissement de ces exigences à l’échelle européenne.
Exit, les viandes, saucisses, omelettes ou encore charcuteries végétales. Un Décret publié le 29 juin 2022 au Journal officiel vient encadrer l’utilisation de certaines dénominations employées pour désigner des denrées comportant des protéines végétales.
Concrètement, à partir du 1er octobre 2022, il sera interdit d’utiliser, pour désigner un produit transformé contenant des protéines végétales :
– Une dénomination légale pour laquelle aucun ajout de protéines végétales n’est prévu par les règles définissant la composition de la denrée alimentaire concernée ;
– Une dénomination faisant référence aux noms des espèces et groupes d’espèces animales, à la morphologie ou à l’anatomie animale ;
– Une dénomination utilisant la terminologie spécifique de la boucherie, de la charcuterie ou de la poissonnerie ;
– Une dénomination d’une denrée alimentaire d’origine animale représentative des usages commerciaux.
« De nombreuses tromperies ne seront plus permises »
Inaporc, l’interprofession porcine, salue la publication de ce décret « encadrant l’utilisation des dénominations de denrées issues de viande et en particulier de porc, tels que le jambon, les saucisses ou encore les lardons. » « De nombreuses tromperies avaient été relevées et ne seront plus permises à l’avenir », abonde le Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO), citant notamment le blanc d’œuf, l’omelette, la crème anglaise, l’île flottante ou encore la mayonnaise.
Pour Interbev, l’interprofession du bétail et des viandes, il s’agit d’une « avancée majeure en matière de transparence de l’information délivrée aux consommateurs ». Une position partagée par la FNSEA et ses associations spécialisées (1), et Jeunes Agriculteurs (JA).
Un Décret « insuffisant »
Toutefois, le périmètre de ce texte n’apporte pas entière satisfaction. En effet, « les produits légalement fabriqués ou commercialisés dans un autre État membre de l’Union européenne ou en Turquie, ou légalement fabriqués dans un autre État partie à l’accord sur l’Espace économique européen, ne sont pas soumis aux exigences du présent décret », est-il indiqué.
De quoi faire réagir les professionnels des filières animales. « Il est nécessaire d’élargir cette mesure au niveau européen, mais également d’envisager des mesures législatives ou réglementaires analogues pour protéger les dénominations animales par rapport aux aliments artificiels de synthèse », estiment Inaporc et le CNPO.
« Cela reste insuffisant », tranche la FNSEA, qui rappelle qu’un encadrement européen des dénominations des produits laitiers a été obtenu « à l’occasion de la réforme de la Pac ». Le syndicat demande également que l’application du décret « s’accompagne de contrôles accrus de la DGCCRF », et souligne que ce texte doit « s’accompagner d’un renforcement de l’étiquetage de l’origine. »
(1) Confédération française de l’aviculture (CFA), Fédération nationale des éleveurs de chèvres (FNEC), Fédération nationale ovine (FNO), Fédération nationale porcine (FNP), Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL).
Site LaFranceAgricole – Actualité 30/06/2022