Maraîcher dans les Bouches-du-Rhône, Pierre Espigue cultive depuis ce printemps 4,5 hectares sous une centrale photovoltaïque. Construite par Voltalia, il s’agit de l’une des plus importante de France en maraîchage. L’agriculteur doit s’adapter.
« J’en suis encore au stade de la prise en main », annonce Pierre Espigue, agriculteur à Tarascon (Bouches-du-Rhône). Depuis ce printemps, ce maraîcher exploite 4,5 hectares de cultures de plein champ sous une centrale photovoltaïque équipée de 7 000 panneaux solaires dynamiques à Saint-Etienne-du-Grès.
Sortie de terre en avril 2021, cette installation de 3 mégawatts, l’une des plus importantes en maraîchage, a été construite et financés par Voltalia, entreprise spécialisée dans la production d’énergie renouvelable pour un montant de 5,2 millions d’euros.
« Les panneaux photovoltaïques suivent la course du soleil, complète Apolline Turnel, responsable du pôle agricole. Nous allons tester dans leur configuration actuelle pendant trois ans. Nous les modulerons en fonction des besoins que nous aurons observés sur les plantes. »
Dates de semis
« On s’adapte », souligne de son côté Pierre Espigue, qui vient d’implanter ses cultures d’hiver, salades, blettes, épinards, sous les panneaux qui se trouvent à 4,5 mètres de hauteur. « Les plantes étant ombragées à certains moments de la journée, elles ne se comportent pas de la même manière que celles qui sont à l’air libre, décrit-il. Les blettes semées à la mi-août sous la centrale ont dix jours de retard par rapport à celles qui se trouvent à l’extérieur et qui ont été mises en place à la même période. »
Pierre Espigue prévoit d’avancer les dates de semis. « Je vais par ailleurs introduire une variété de blette plus précoce. » Le maraîcher doit aussi revoir les densités. « À la plantation, j’ai arrosé comme en plein champ, enchaîne-t-il. Ce n’était pas ce qu’il fallait faire, car il y a plus d’humidité sous les panneaux. » Il a également augmenté les doses d’engrais de 100 kg/ha en raison de la moindre luminosité.
Cet été en revanche, l’ombre créée par les panneaux a été bénéfique. « Les courgettes et les salades ont moins souffert de la sécheresse, observe-t-il. Le phénomène d’évapotranspiration étant moindre, j’ai moins arrosé qu’en plein air. » Il a ainsi pu prolonger le calendrier de récolte des courgettes et des salades.
L’Association provençale de recherche et d’expérimentation légumière (Aprel) et le Ceta maraîchers de Châteaurenard vont effectuer un suivi des cultures pour établir des références techniques. Voltalia qui exploite la centrale pour une durée de 30 ans réinjecte l’électricité produite dans le réseau. 1 200 foyers en bénéficient.
Une redevance versée à l’agriculteur
Voltalia a signé un bail rural avec le propriétaire du terrain agricole, qui perçoit un loyer annuel fixé équivalent au prix d’un fermage. S’y ajoute un bail emphytéotique sur le foncier. Parallèlement, Voltalia a conclu une convention d’activité agricole avec l’exploitant. La perte de superficie liée à l’emprise de la structure est compensée par le versement d’une redevance répartie à parts égales entre le propriétaire et l’exploitant.
Site LaFranceAgricole – Actualités 04/11/2022