L’entreprise Sun’Agri, spécialisée dans les solutions agrivoltaïques, a dévoilé les résultats agronomiques 2023 de ses différents sites. S’ils démontrent des bénéfices concrets, le pilotage des panneaux doit servir à l’optimisation de la production agricole.
Le spécialiste de l’agrivoltaïsme Sun’Agri a révélé les résultats des récoltes de ses différents sites pour l’année 2023. En collaboration avec les chambres d’agriculture, ces résultats montrent l’impact positif des panneaux solaires orientables sur le rendement et la qualité des cultures.
Mettre la production agricole au premier plan
Les résultats présentés par Sun’Agri démontrent l’importance de l’ombrage. Pour permettre à la plante de réaliser sa photosynthèse, essentielle à son développement, il est nécessaire de partager l’ombrage ou d’avoir une densité de panneaux pas trop importante. « Sans partage de la lumière, donc sans renoncer à une partie de la production d’électricité, on ne peut pas améliorer le rendement agricole », souligne, directrice générale déléguée chez Sun’Agri.
Par ses expérimentations, l’entreprise montre que l’agrivoltaïsme fonctionne à la condition de ne pas chercher à maximiser la production d’électricité. Apporter un ombrage aux moments les plus opportuns est la clé pour préserver la production agricole. Par ailleurs, les variétés cultivées ne répondent pas de la même manière à la présence de panneaux et nécessitent d’adapter plus ou moins les pilotages. De plus, il faut que l’installation produise suffisamment d’électricité pour financer le dispositif. Il y a donc un équilibre à trouver pour que l’agriculteur rentabilise son investissement sans perdre son activité agricole.
Pour Sun’Agri, tout l’enjeu de l’agrivoltaïsme est de permettre à l’agriculteur de mieux vivre de son métier en apportant, par un pilotage agronomique, une protection face aux aléas climatiques, de meilleurs rendements, une qualité au moins équivalente ainsi qu’une moindre consommation d’eau et d’intrants. En somme, cette technologie doit offrir aux agriculteurs l’opportunité de préserver et d’améliorer leur production agricole sans requérir d’investissements conséquents, via l’énergie solaire produite.
Des résultats probants en arboriculture
En 2019, le gérant de l’exploitation Clair Fruits à Loriol dans la Drôme, a décidé d’installer un tout premier dispositif agrivoltaïque expérimental d’environ 1 500 m² avec Sun’Agri afin de protéger ses cerisiers du dérèglement climatique. Grâce à des pieux battus et un espacement en interrangs de cinq mètres, le taux d’emprise est inférieur à 40 % et chaque rangée de panneaux est disposée au-dessus de chaque rang de cerisiers à environ 5 mètres du sol. Le dispositif est piloté en temps réel par l’intelligence artificielle via un système de type trackers, ce qui permet d’adapter la position des panneaux en fonction du soleil et de l’ombrage souhaité.
Résultat, les rendements en cerises de la récolte de 2023 sont supérieurs de 15 % en moyenne pour les cerisiers sous panneaux (comparativement aux arbres de la zone témoin) et la qualité des fruits (sucre, couleur et calibre) est supérieure aux seuils de commercialisation. Néanmoins, il subsiste des différences quant aux rendements obtenus selon les variétés de cerises : +30 % pour la variété Burlat, +13 % pour la Primulat et –20 % pour la Bigalise.
De plus, la différence de rendement est frappante selon la variété cultivée entre la situation de tracking solaire, c’est-à-dire d’optimisation de la production d’électricité, et la situation d’optimisation agronomique. Lorsque l’on maximise la production d’énergie, les résultats font état de pertes de rendement de l’ordre de 15 à 60 % par rapport à un pilotage agronomique.
Là encore, les résultats montrent l’importance du partage de l’ombrage dans le pilotage de l’installation. Avec ses résultats prometteurs, Christian Clair à décider de se lancer à plus grande échelle en installant un second dispositif agrivoltaïque dynamique sur cerisiers, toujours avec Sun’Agri. La parcelle de près de 3 hectares a été inaugurée en septembre 2023.
La mise en place de panneaux solaires au-dessus des cerisiers peut également permettre de lutter contre la multiplication des attaques de mouches ravageuses en profitant de la structure pour installer des filets anti-drosophila. « Cela représente une économie de poteaux pour l’arboriculteur car la structure est mutualisée pour mettre les filets autour », précise la directrice de Sun’Agri. En cerises, la protection contre la canicule, l’éclatement des fruits ou les ravageurs constituent de solides arguments en faveur de l’agrivoltaïsme, qui sont retenus par les producteurs de cerises.
Sur un projet commercial, l’idée est de coordonner l’arrachage-replantation du verger avec la construction du dispositif afin d’éviter d’abîmer des arbres ou de tasser le sol. « En cerisier, le fait de coordonner l’arrachage avec l’installation de panneaux photovoltaïques est l’occasion de passer en vergers palissés », indique Cécile Magherini. Cela permet d’utiliser les poteaux de la structure photovoltaïque pour conduire les cerisiers « en axe ». « Nous travaillons en étroite collaboration avec les agriculteurs pour adapter au mieux l’installation à leurs cultures », précise-t-elle.
Une régulation thermique des serres
En maraîchage, Sun’Agri a testé l’effet des panneaux photovoltaïques sur les cultures sous serre. Sur la Ferme de Yola dans le Lot-et-Garonne, 4 400 m² de panneaux pilotables ont pris place au-dessus d’une serre chapelle. Le but est de rechercher une régulation thermique de la serre grâce à l’ombrage fourni par l’installation photovoltaïque. Ici, pas d’autoconsommation. L’énergie produite par les panneaux est directement injectée sur le réseau électrique, ce qui apporte un revenu garanti pour l’agriculteur, toujours dans l’optique de financer l’installation.
Les résultats des récoltes de l’été 2023 montrent une amélioration notable des rendements ainsi qu’une réduction des coûts d’exploitation. Les études rapportent également une moindre pression des ravageurs sur les cultures, pucerons et acariens notamment. Dans le détail, les rendements sous panneaux sont supérieurs de 23 % pour le concombre, 10 % pour l’aubergine et 9 % pour la tomate.
Site LaFranceAgricole – Actualités 06/12/2023