La nouvelle approche européenne dans la Politique Agricole Commune a exacerbé les différences stratégiques entre les membres de l’Union, en particulier sur les écorégimes.
La Commission de l’Agriculture et du Développement rural du Parlement européen a récemment fait rédiger et publier une étude comparative des plans stratégiques nationaux (PSN) des pays de l’Union européenne en juin dernier. Au-delà des adaptations aux contextes locaux, le rapport pointe de grandes hétérogénéités dans les objectifs et les choix des pays membres, notamment sur le nouveau volet des éco-régimes.
Des orientations différentes
Toujours dans un contexte généralisé de verdissement de la Pac, les pays membres n’ont néanmoins pas les mêmes priorités. Quand une large majorité des éco-régimes couvre les mesures de conservation des sols, la biodiversité ou la lutte contre les changements climatiques, le bien-être animal n’est pris en compte que par 11 États membres. Pour la lutte contre les changements climatiques, une nuance est toutefois observée. La quasi-totalité des membres poussent les mesures de stockage du carbone ou de réduction des émissions, mais des pays comme l’Espagne, la Hongrie ou la Suède n’ont, de leur côté, inclus aucune mesure visant à adapter leurs systèmes agricoles aux changements à venir.
Une autre différence d’approche est mise en exergue dans le rapport, au sujet de la réduction et de l’utilisation plus durable des produits phytosanitaires. Encore une fois, une large majorité de pays ont mis en place des éco-régimes dans ce sens. Mais 7 pays ont fait l’impasse sur ce point comme la Roumanie, la Hongrie, l’Irlande ou encore l’Espagne. « Bien que des valeurs nationales soient rarement fixées, les stratégies de mise en œuvre des instruments envisagés manquent souvent de clarté et des différences substantielles sont identifiées dans l’échelle et l’approche de la réduction de l’utilisation et des risques des pesticides » juge le rapport.
Appuyer sur certains éco-régimes
Reste que les éco-régimes ne sont encore qu’une part minoritaire du budget de la Pac en Europe. Obligatoires pour les gouvernements nationaux, ils ne sont que facultatifs pour les agriculteurs. Avec seulement 23,8 % des paiements directs au global, les rédacteurs du rapport estiment donc que les agriculteurs devraient être davantage incités à y souscrire. Les États membres seront par ailleurs soumis dès 2025 à l’obligation de consacrer 25 % minimum de leur budget en paiement direct mais sur ce point, plusieurs pays ont déjà atteint ou franchi ce seuil. Parmi eux la Belgique, les Pays-Bas ou encore la République tchèque. Un peloton de 18 pays dont la France, l’Allemagne ou l’Italie suivent avec une part comprise entre 19 et 25 % quand la Hongrie, l’Autriche ou la Finlande sont encore à la traîne sous les 19 %.
Mais les rédacteurs souhaiteraient aller plus loin et éviter que pour atteindre leurs objectifs, les pays privilégient certains éco-régimes plus faciles à mettre en place et recommandent de « soutenir et sensibiliser davantage aux éco-régimes les plus ambitieux ».
Site LaFranceAgricole – Actualités – 28/07/2023