L’accès matériel à l'internet n’explique pas totalement le manque de compétences électroniques dans les campagnes.
La dématérialisation des services administratifs, le commerce en ligne, les besoins pour le télétravail, même la disparition de fait du timbre rouge… pour certains, la numérisation de la société est un bonheur. Pourtant, dans les campagnes, d’autres s’en plaignent. L’inclusion numérique devient donc un enjeu d’égalité entre les territoires et les citoyens. Une étude de l’Insee, publiée le 22 juin 2023, vient mettre des chiffres sur ce risque d’exclusion d’une partie des Français.
16 % des adultes n’ont pas utilisé l’internet au cours des douze derniers mois ou n’ont pas les compétences numériques de base (recherche d’information, envoi de courrier…). On dit qu’elles sont en situation d’illectronisme. Qui sont ces personnes ? Les statistiques montrent une réalité complexe.
La campagne en retard
Habiter à la campagne est un critère majeur. Le taux d’illectronisme atteint 22 % dans les communes de France métropolitaine en dehors d’une influence urbaine, soit six points de plus que la moyenne nationale. Et ce n’est pas juste un cas particulier puisque le taux d’illectronisme est strictement inverse de la taille des villes. Il est de 20 % pour les aires urbaines de moins de 50 000 habitants mais de 13 % pour Paris.
Catégories sociales
Et ce n’est pas forcément le seul accès matériel à l’internet qui explique cet écart. D’un côté, il y a encore 12 % des habitants qui n’ont pas du tout accès à l’internet à domicile. D’un autre côté, dans les aires urbaines de moins de 200 000 habitants, le pôle central – la ville, le bourg – présente un taux d’illectronisme supérieur à celui des périphéries, alors que les cœurs urbains ont été équipés plus tôt. Ce sont les aires de moins de 50 000 habitants qui présentent la plus grande différence : 24 % dans les bourgs et 17 % en couronne.
L’illectronisme ne touche que 3 % des personnes vivant dans un ménage avec enfants, soit dix fois moins qu’une personne seule.
La structure de la population explique le mieux ces chiffres. Les populations de centre-bourg sont plus jeunes, plus pauvres et sans enfant. À l’inverse, celles résidant en couronne sont un peu moins jeunes, certes, mais plus souvent en emploi, moins souvent pauvres et plus souvent constituées de familles. L’illectronisme ne touche que 3 % des personnes vivant dans un ménage avec enfants, soit dix fois moins qu’une personne seule. Ce chiffre témoigne de l’influence des jeunes dans l’acquisition des compétences de leurs parents.
La barrière de la retraite
Toutefois, la relation entre l’âge et l’usage de l’internet n’est pas passée à la trappe. La moitié des 12 % de personnes « illectroniques » sont âgées de plus de 75 ans. Une précédente étude de l’Insee, publiée en mai 2022, avait déjà montré, en prenant le cas de la Bourgogne-Franche-Comté, que le taux d’illectronisme présente une forte rupture à l’âge de la retraite : il est de 11 % entre 45 et 59 ans mais il double une fois passé 60 ans et grimpe à 45 % au-delà de 75 ans. Déjà dans cette étude locale, il apparaissait que les moins diplômés et les moins favorisés socialement sont les plus touchés par l’illectronisme.
Site LaFranceAgricole – Actualités 18/07/2023