L’Organisation de coopération et de développement économiques a consacré une partie de son rapport « Suivi et évaluation des politiques agricoles 2020 » à l’impact du Covid-19 sur les filières agricoles et agroalimentaires mais aussi aux mesures mises en place par les gouvernements pour soutenir ces deux secteurs.
L’apparition du Covid-19 a bouleversé « aussi bien la situation macroéconomique que les politiques et marchés agricoles ». C’est ce qu’indique l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans son rapport « Suivi et évaluation des politiques agricoles 2020 », publié le 30 juin 2020.
Des échanges agroalimentaires plus résilients face à la crise
En effet, le contexte mondial, « marqué par une croissance économique » durant l’année 2019 a été perturbé par la pandémie et en particulier par « les mesures prises pour contenir sa propagation ». Elles ont été lourdes de conséquences pour les économies. Elles ont notamment impacté la production avec un niveau de baisse compris entre un cinquième et un quart dans de nombreuses économies. Selon l’OCDE la baisse du PIB annuel pourrait atteindre deux points de pourcentage par mois de confinement strict. Le Covid-19 a également largement perturbé les échanges mondiaux de marchandises qui pourraient reculer dans une proportion comprise entre 13 % et 32 % en 2020 par rapport à 2019.
Toutefois, l’OCDE note que les échanges agroalimentaires ont mieux résisté à la crise bien qu’ils accusent « une baisse significative sous l’effet de la pandémie de Covid-19 et des mesures de confinement qu’elle a suscitées ». Face aux problèmes engendrés par la crise les gouvernements mondiaux ont pris de nombreuses mesures afin de soutenir la production agricole, le fonctionnement de la chaîne alimentaire ainsi que la demande des consommateurs.
Une main-d’œuvre « épargnée » par le confinement
Pour maintenir la production tous les gouvernements ayant mis en place des mesures de confinement en ont dispensé les principales activités de production et de commercialisation agricoles et alimentaires. La Commission européenne, par exemple, a considéré la main-d’œuvre agricole comme essentielle. Des mesures ont également été prises pour protéger la main-d’œuvre du secteur agroalimentaire et garantir la disponibilité des travailleurs saisonniers. L’Union européenne a donc autorisé la libre circulation de ces travailleurs, l’Allemagne a même permis l’arrivé de 40 000 saisonniers par avion.
De plus, les gouvernements ont adapté leurs méthodes de travail et les champs de leurs activités en maintenant certains programmes et en reportant d’autres mesures. Les présentations du Pacte Vert et de la stratégie « De la fourche à la fourchette » de l’Union européenne ont ainsi été retardées.
Une chaîne alimentaire sous surveillance
L’OCDE indique que les États ont adopté des mesures pour « informer les producteurs et les consommateurs » mais aussi « surveiller la situation, et coordonner leurs interventions avec les acteurs privés et internationaux ». De nombreux pays ont donc surveillé de plus près l’offre, la demande et les stocks de produits. Pour cela, l’Union Européenne s’est appuyée sur les institutions existences mais d’autres gouvernements, comme celui du Costa Rica ont mis en œuvre de nouveaux mécanismes.
Afin de faciliter le commerce et les flux de produits, des mesures ont été prises par les gouvernements. Dans l’Union européenne, il était donc possible d’utiliser une version dématérialisée de certains certificats phytosanitaires. Elle a aussi mis en place des voies prioritaires pour le transport de marchandises, y compris des produits alimentaires.
Les États ont été nombreux à participer aux efforts de coopération internationale, à titre d’exemple les ministres de l’Agriculture du G20 se sont positionnées contre les restrictions commerciales. De plus, les 23 pays membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), se sont engagés à maintenir les chaînes d’approvisionnement ouvertes et à supprimer toute mesure existante restreignant le commerce de produits agricoles.
Des mesures de soutien directes
Les secteurs agricoles et agroalimentaires ont aussi été soutenus plus « directement » par les États. Dans l’Union européenne cela s’est traduit par l’avancement de la date des paiements directs ou encore par une série de mesures visant à soutenir le stockage des produits laitiers et carnés. Elle a aussi permis une flexibilité dans la réaffectation des financements à la gestion de crise dans la filière fruits et légumes et a autorisé, à titre exceptionnel, les opérateurs des secteurs du lait et des pommes de terre à adopter des mesures auto organisées afin de stabiliser les marchés.
La Commission européenne a également donné « la latitude aux pays de prolonger les délais de paiements annuels déposés par les agriculteurs ». En France, par exemple les demandes de paiement ont été reportées. Les acteurs des secteurs agricoles et agroalimentaires étaient, pour la plupart, admissibles aux mesures générales d’aide économiques mises en place dans le cadre de plan de relance. En France, ils ont ainsi pu profiter du soutien direct aux entreprises, d’avantages fiscaux, de report ou de la suspension des cotisations sociales… Ils pouvaient aussi bénéficier des prêts garantis par l’État.
Site LaFranceAgricole – Actualités 03/07/2020