L’énergéticien Valeco a construit un démonstrateur agrivoltaïque à Champagné-Saint-Hilaire (Vienne) pour étudier, en partenariat avec l’Idele et la chambre d’agriculture de la Vienne, les bénéfices des panneaux solaires sur les animaux d’élevage et la production fourragère. L’inauguration est prévue à la fin du mois d’octobre prochain.
Si les retours terrain sur l’agrivoltaïsme en élevage ovin s’accumulent, « en élevage bovin, il y a beaucoup plus d’incertitudes, que ce soit sur les hauteurs des panneaux solaires, la réaction des animaux ou la solidité des structures », explique Lise Jaulmes, référente du pôle d’agriculture chez Valeco, producteur d’énergies renouvelables. C’est pourquoi l’énergéticien vient d’installer un démonstrateur agrivoltaïque en élevage bovin sur la commune de Champagné-Saint-Hilaire, en partenariat avec l’Institut de l’élevage (Idele) et la chambre d’agriculture de la Vienne.
Un démonstrateur installé dans la Vienne
L’objectif de cette expérimentation est d’étudier sur une période de trois ans (2024-2026) à partir de cet automne 2024 l’incidence des panneaux photovoltaïques sur l’élevage bovin et l’utilisation des outils de fenaison par les éleveurs en lien avec la production fourragère. Déployé depuis juillet 2024, quelques bovins et équins ont déjà foulé le site agrivoltaïque et « les premiers retours sont très positifs ».
Ce démonstrateur, situé sur une parcelle de 7 hectares, accueille neuf rangées de panneaux solaires qui couvrent 4 300 m². Chaque rangée est espacée de six mètres pour faciliter le passage des machines agricoles et la hauteur des structures est variable (1,80 m, 2,10 m ou 2,40 m) pour étudier l’influence de la hauteur sur le comportement des animaux.
« L’installation a l’air de bien fonctionner sur des hauteurs autour de 2 mètres, avec un bon retour au niveau du comportement des animaux », indique Lise Jaulmes. Ce site expérimental accueillera plusieurs troupeaux de vaches de race charolaise et limousine mais aussi des équins qui seront mis à disposition par un collectif d’agriculteurs qui souhaite se lancer dans l’agrivoltaïsme.
« On a aussi prévu des panneaux qui ne seront pas raccordés au réseau électrique afin d’étudier la question de l’électromagnétisme sur le comportement des animaux », précise-t-elle. L’idée est de répondre aux craintes soulevées par certains éleveurs. Le suivi sera fait conjointement entre l’Idele pour la partie relative au comportement animal et la chambre d’agriculture de la Vienne pour la partie concernant le microclimat végétal. L’inauguration est prévue le 28 octobre prochain.
L’énergéticien souhaite également instaurer un système d’autoconsommation collective. Le but ? Permettre aux habitants situés à proximité (dans un rayon de 5 à 10 km) de consommer directement l’électricité verte produite par la centrale expérimentale, à un prix avantageux.
De l’expérimentation au projet agrivoltaïque à taille réelle
Les résultats de cette expérimentation serviront de référence pour étudier la faisabilité technique d’un projet de plus grande ampleur baptisé « AgroCi’nergies ». Cette future installation agrivoltaïque en élevage ovin est portée par un collectif de quatre exploitations agricoles (huit agriculteurs) sur une surface totale de 200 ha. Une des exploitations du collectif est celle du lycée agricole de Maniac-Laval (Haute-Vienne) qui souhaite notamment développer un module de formation tourné vers l’agrivoltaïsme.
Répartie en différents îlots, l’installation est localisée sur les communes de Payroux, Champagné-Saint-Hilaire, La Chapelle-Bâton et Château-Garnier, dans la Vienne. En plus des bénéfices de l’ombrage apporté par les panneaux solaires sur le troupeau de moutons, une partie de la récolte fourragère sera destinée à l’alimentation des bovins allaitants que possèdent les agriculteurs du collectif.
« Dans l’agrivoltaïsme, le point clé est le raccordement électrique, souligne François Daumard, président de Valeco. La seule solution viable techniquement et économiquement c’est de se raccorder sur RTE. Comme le coût de raccordement est excessivement cher, on ne peut l’amortir qu’avec des grands projets. C’est la raison pour laquelle on regroupe les projets d’agriculteurs. » La mise en service du projet « AgroCi’nergies » est prévue pour la fin de 2027.
Pour Valeco, la priorité est donnée au projet agricole et non à la production d’énergie. « On n’est pas du tout dans des projets alibis, on essaie de bien faire cohabiter les deux. Nos premiers projets, on veut qu’ils soient exemplaires pour qu’ils servent de référence », explique François Daumard. Avec les objectifs fixés par le plan pluriannuel de l’énergie, nul doute que de plus en plus d’exploitations vont se tourner vers l’agrivoltaïsme.
Valoriser les parcours de volailles grâce à l’agrivoltaïsme
En parallèle, l’énergéticien Valeco a décidé de mener une expérimentation agrivoltaïque en volailles de plein air. « On est quasiment sûr des intérêts et de la faisabilité technique parce qu’en plein air la problématique est que les poulets restent à proximité des bâtiments en raison de leur instinct protecteur. Avec un parcours photovoltaïque, on peut espérer qu’ils valorisent mieux le parcours », souligne Lise Jaulmes, référente du pôle d’agriculture chez Valeco. Pour tester son parcours de plein air agrivoltaïque, Valeco s’appuie sur l’expertise technique de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). « Des études suggèrent que grâce à l’agrivoltaïsme, les volailles valorisent jusqu’à 15 % du parcours, c’est quand même une part de diversification alimentaire en plus de l’effet bien-être animal qui est important », ajoute-t-elle. Le site expérimental est en cours d’installation pour pouvoir démarrer le suivi en janvier 2025.
Site LaFranceAgricole – Actualités 04/09/2024
