Après presque deux mois d’interruption des marchés de rue à cause du coronavirus, « il va y avoir de la casse parmi les commerçants ambulants », affirme le président de la Confédération générale de l’alimentation de détail (CGAD).
L’organisation que préside ce charcutier-traiteur à Mérignac (Gironde) représente 300 000 petits commerces de bouche. « Il va y avoir entre 15 % et 20 % de cessations d’activité chez les commerçants ambulants qui ne vont pas tous rouvrir, du fait de leur inactivité pendant plusieurs semaines. Certains étaient déjà fragiles, certains ont réussi à repousser les charges, mais pas tout le monde, il va y avoir de la casse malheureusement. Aussi parce que les municipalités sélectionnent les commerçants qui pourront être présents ou non sur les marchés en invoquant des raisons sanitaires et d’espacement. Alors qu’il suffirait d’organiser les choses pour que tout le monde puisse travailler. »
Vers une ouverture d’au moins 50 % des marchés
« Sur les plus de 10000 marchés de rues qui existent en France, la semaine dernière, nous étions à 35 % de marchés rouverts. Il va y en avoir 20 % à 25 % de plus, mais nous ne sommes pas du tout dans le redémarrage entier des marchés. Je n’ai pas compris d’ailleurs pourquoi ils ont été tous fermés de cette manière », s’interroge le président de la CGAD.
« Que les préfets aient des compétences pour les écoles, c’est normal, il peut y avoir des risques, mais sur les marchés qui pratiquaient les gestes barrière, en plein air, et en toute sécurité, il n’y en avait quasiment pas. À Paris, où il n’y a que des moyennes surfaces, cela aurait sûrement été mieux de conserver des marchés avec des règles, que de se confiner dans des petites surfaces où il n’y avait pas réellement de règles sanitaires. »
Les traiteurs perdent des débouchés
Le confinement s’est en revanche bien passé pour les autres commerces alimentaires de proximité, comme les bouchers, les charcutiers, les pâtissiers. « Globalement les commerces alimentaires de proximité ont bien marché, mis à part les traiteurs qui faisaient de l’événementiel : ceux-là ont plongé avec l’arrêt des salons, festivals, indique le président de la CGAD. Ce que nous regrettons c’est l’importance démesurée donnée par les médias et le gouvernement à la grande distribution. »
« Les fleuristes étaient fermés et la distribution a eu le droit de vendre le muguet, les chocolatiers ont pris une claque pour Pâques, poursuit-il. Et après ça, le président de la République est allé visiter un supermarché en Bretagne sans s’arrêter pour voir un boulanger, un boucher ou un primeur, alors que l’artisanat alimentaire représente des milliers d’emplois, qu’il achète français et en circuit court, et qu’il joue un véritable rôle de lien social. Je voudrais que les mentalités changent. »
Site LaFranceAgricole – Actualités 14/05/2020