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391 éleveurs de bovins se lancent sur le marché du carbone

391 éleveurs de bovins se lancent sur le marché du carbone

Le premier appel à projets de l’association France CarbonAgri a porté ses fruits. Les quelque 391 éleveurs impliqués se sont engagés sur une économie de 70 000 tonnes de CO² sur 5 ans qui, transposée en crédits carbone, pourrait se valoriser autour de 35 €/tonne.

Au Salon de l’agriculture, la ministre de la transition écologique et solidaire est revenue sur le premier appel à projet de l’association France Carbon Agri (FCAA) lancé en novembre 2019, une « première en France ». « Le label bas-carbone est un nouvel instrument opérationnel de lutte contre le changement climatique proposé aux agriculteurs », expose le communiqué publié le 23 février 2020.

Si les premiers projets labellisés « Bas-Carbone » se cantonnent aux éleveurs bovins, suivant la méthode Carbon Agri (1), « une émulation forte émerge dans d’autres secteurs de production comme celui des grandes cultures », note la présidente de FCAA.

Des pratiques qui suscitent de l’intérêt

Pour l’heure, 391 éleveurs se sont engagés dans la démarche, et projettent d’économiser 70 000 tonnes de dioxyde de carbone sur cinq ans. « Ces efforts de réduction des émissions passent en partie par le stockage du carbone dans les prairies, à hauteur de 30 à 40 %. Le reste se traduit par une évolution progressive des pratiques culturales et d’élevage pour tendre vers une plus grande cohérence du système d’exploitation », explique la présidente de FCAA. Quel que soit le système de production en jeu – intensif, extensif, en agriculture biologique – la réduction des émissions carbone est possible.

Pour la rémunération du carbone évité, converti en crédits carbone, les discussions entre les différentes parties prenantes sont en cours. Le prix de 35 euros par tonne de carbone a été évoqué. « Il faut nous laisser le temps de négocier », ajoute la présidente de l’association.

Une chose est sûre, l’engouement des acheteurs est bien présent. La Poste, Caisse des dépôts ou encore le groupe du luxe Kering figurent dans le lot d’entreprises déjà engagées dans la démarche de responsabilité sociétale et intéressées par le rachat de crédits carbone. « Dès juin 2020, un autre appel à projets sera lancé et le but est d’arriver à en proposer 3 à 4 par an, en fonction de la demande des agriculteurs », prévoit la présidente de FCAA.

Le consentement à payer des entreprises

D’après une enquête (2) conduite par l’Inrae et l’École supérieure d’agricultures d’Angers (Esa), 80 % des agriculteurs, collectivités et entreprises interrogés se disent prêts à s’engager sur le marché du carbone. Mais à certaines conditions.

« Le consentement à payer et à recevoir des entreprises et agriculteurs dépend essentiellement de la transparence et de la crédibilité des transactions », explique Sarah Colombié, consultante innovation environnement de la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire. Si d’un côté les éleveurs ont notamment besoin de justifier leurs efforts en s’associant avec des entreprises engagées (anti-greenwashing), ces dernières s’intéressent aux co-bénéfices des projets proposés ainsi qu’à leur ancrage territorial. « Peu importe l’envergure de l’entreprise, il y a une véritable attente du panel pour s’associer à un groupe local d’agriculteurs, ajoute Sarah Colombié. Cela permet de raconter une histoire, de donner du sens à la démarche. »

Le marché du carbone étant un marché de gré à gré, les entreprises panélistes se disent prêtes à rémunérer la tonne de carbone stockée par les haies (levier pas encore intégré à Carbon Agri). L’espace de négociation s’établit entre 50 et 100 € la tonne, voire plus selon les co-bénéfices accociés. « Si les réductions d’émissions brutes de carbone peuvent être associées à des gains économiques pour l’éleveur, son stockage coûte plus qu’il ne rapporte, d’où un besoin de rémunération plus important », souligne la consultante.

 (1) Carbon Agri : méthode labellisée permettant de quantifier et de rémunérer la réduction d’émissions carbone sur une période de cinq ans renouvelable via le diagnostic environnemental CAP’2ER.

(2) Enquête ESA/INRAE auprès de 21 élus et agents de collectivités locales, 22 entreprises (à majorité avec un fort ancrage local) et 45 agriculteurs basés en régions Bretagne et Pays de la Loire. Cette enquête s’est faite dans le cadre du projet Carbocage (Chambre Pays de la Loire), sur l’évaluation du carbone stocké par « des haies bien gérées ».

Site LaFranceAgricole – Actualités 06/03/2020 – Département 63

 

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